Publié le 31 mars 2017
Découvrez le parcours de Virginie, marraine Elles Bougent depuis 7 ans et qui occupe le poste de pilote de projet industriel chez Safran Nacelles. Victime de stéréotypes au moment de faire son choix d'orientation, cette femme ingénieure s'est engagée au sein de l'association pour transmettre la passion de son métier et susciter des vocations chez les plus jeunes.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?
J'ai fait un Bac S, puis une classe préparatoire aux grandes écoles Maths Sup à l'école des Mines d'Alès (ingénieur généraliste option matériaux). Une fois diplômée, j'ai travaillé en tant qu'ingénieur R&D dans le domaine du sport pendant un an. J'ai ensuite intégré le Groupe Safran en 2000 avec 7 fonctions différentes occupées en position de management hiérarchique et transverse. Actuellement, j'occupe le poste de pilote de projet industriel montée en cadence opérations assemblage chez Safran Nacelles, sur le site du Havre.
Quelle a été votre première expérience en tant que marraine Elles Bougent ?
En 2009, Safran Nacelles (ex-Aircelle) m'a demandé de rencontrer une cinquantaine de lycéennes en 1ère scientifique et de leur parler de mon métier, mon parcours, mon intégration dans un univers, l'aéronautique, majoritairement masculin. L'objectif était de prouver qu'il est tout à fait possible d'être femme et ingénieure et montrer les opportunités offertes par ce secteur, les évolutions de carrière possible. J'exerçais alors des responsabilités de management en production. L'opération a été renouvelée l'année suivante avec 100 lycéennes havraises, qui ont pu visiter notre site. C'est lors de cette 2ème rencontre qu'une collègue m'a parlé de l'association Elles Bougent.
D'où vient votre engagement en faveur de l'association ?
Mon engagement puise en fait ses racines dans mon histoire personnelle. En effet, au moment de mes choix d'orientation au lycée, j'ai été victime d'idées reçues : une conseillère d'orientation m'a déclaré que les filles étaient faites pour travailler dans le littéraire ou l'économie, qu'il était impensable pour moi de choisir une option informatique, que je ne supporterais pas autant d'heures de cours de sciences et techniques ! Heureusement, j'avais recueilli d'autres témoignages qui avaient forgé ma conviction que l'on pouvait être femme et ingénieure. C'est en fait pour éviter une telle mésaventure et pour permettre aux jeunes femmes de faire leur choix de carrière en toute connaissance de cause que j'ai décidé de rejoindre Elles bougent.
Quel est votre retour d'expérience après vos différentes actions réalisées en tant que marraine ?
Je vois les choses bouger au sein de Safran. Par exemple, grâce à des actions menées portant notamment sur l'égalité des salaires, la non-discrimination à l'embauche, et l'évolution des carrières à tous niveaux de fonction, le pourcentage de femmes dans l'entreprise augmente significativement ces dernières années. En étant marraine Elles Bougent, j'ai le sentiment de contribuer à la progression du Groupe et de promouvoir concrètement l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Parce que tout se joue au moment des grands choix d'orientation en collège/lycée et post-bac.
Quelles sont les principales difficultés rencontrées en étant une femme ingénieure ?
Einstein disait qu' « il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé ». Il est vrai que certains stéréotypes ont encore la vie dure : les garçons veulent faire de la mécanique automobile et les filles veulent devenir coiffeuses, institutrices, infirmières… L'évolution des mentalités ne se décrète pas et le chemin à parcourir sera encore long pour que l'égalité des chances entre les filles et les garçons devienne une réalité. Les freins encore à lever proviennent principalement des adultes. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'Elles Bougent associe le plus souvent les parents, enseignants et conseillers d'orientation à ses évènements. Un autre cliché des adultes qui a la vie dure : la voie professionnelle (apprentissage, alternance, Bac Pro, BTS, DUT,..) perçue comme une voie de garage. Et pourtant, Safran forme et recrute des jeunes formés par le Groupe à travers cette filière !
Quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes filles qui vous lisent ?
Interrogez-vous sur vos envies, soyez curieuses, prenez le temps de rencontrer des professionnels, de faire des stages/des visites d'entreprises pour découvrir le secteur qui vous intéresse, posez des questions, donnez-vous le droit de vous tromper et ne vous arrêtez pas à ce que l'on vous montre. Osez ! Ne laissez jamais personne vous dire que vous n'y arriverez pas. Vous en êtes capable, ayez confiance en vous. « Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve, une réalité », disait Antoine de Saint-Exupéry. Tout est possible, même de faire carrière dans l'aéronautique, à partir du moment où l'on ose !
Interview réalisée dans le cadre du dossier "L'Entreprise au féminin" dans le mensuel Normandie magazine.